On vous retrouve à Sucre, une des plus jolies villes coloniales (selon les dires des autres voyageurs), à 12 heures de bus de La Paz. On arrive sous la pluie qui ne nous quittera pas des 4 jours qu'on passera ici. On avait prévu de faire un treck de 2-3 jours dans la région pour visiter les villages typiques, sous la pluie très peu pour nous. On se concentrera alors sur les différents musées du centre ville et on en profitera pour se reposer (et jouer au ping-pong à l'hotel!), ça fait pas de mal non plus...
On a donc visité le musée d'ethnologie-anthropologie, super intéressant. Avant d'être colonisée, Sucre faisait partie de l'empire inca et donc on y a retrouvé pas mal de crânes déformés (déformations faites dès la naissance et signe de noblesse à l'époque) et trépanés car les incas s'essayaient à la neurochirurgie déjà à l'époque. Une grosse collection de momies incas aussi, très bien conservées. On y a vu beaucoup d'instruments de la vie quotidienne, des outils de chasse aux colliers en passant par les vases et cuillères...
Dans les musées intéressants on a aussi été visiter le musée des tissus et textiles de la région. Les plus renommés sont les tissus des ethnies Jalq'a, rouges et noirs, tissés à la main exclusivement et selon l'inspiration de la tisseuse, ce qui en font des pièces uniques. Selon la taille, il faut entre 1 mois et 6 mois pour créer une toile... Ils sont vendus une fortune (fortune qui bien entendu ne va pas forcément à la tisseuse) quasi en totalité à l'exportation. On a vu dans ce musée des pièces vraiment superbes ... quel travail!!
Note : photos d'internet
Et puis on a aussi visité le musée des masques, forcément, se diront ceux qui connaissaient notre intérieur! En Bolivie le masque à une place importante dans chaque fête, on en a vu du coup pas mal de différents, en fonction de sa région de création, en fonction de la fête pour laquelle il sera utilisé ... On en a même vu un de 9 kilos qui est porté pas un danseur qui durant 3 jours ne doit pas s'en séparer, doit danser avec sans boire ni manger ... jusqu'à mourir d'épuisement ...
Note : photos d'internet
On pensait récupérer à Sucre, mais la saucisse du marché a eu raison de nos estomacs et nous a cloué au lit (ou au toilettes, enfin 50-50) pendant 24 longues heures. Du coup on en repart pas si reposé que ce qu'on espérait, mais on a bien apprécié quand même les 3 jours précédant la saucisse passés ici. On met ensuite le cap sur Potosi, ville tristement connue pour ses mines et surtout les conditions de travail qui y sont très rudes.
On a quand même hésité avant d'y aller, on se demandait si c'était pas un peu voyeuriste justement d'aller visiter ces mines encore en fonction aujourd'hui. Alors on a décidé de faire cette visite "bien", et de partir avec une agence constituée d'anciens mineurs et de visiter les parties encore travaillées, au lieu de partir avec une agence qui a transformé d'anciennes galeries en terrain de jeu pour touristes en faisant claquer de la dynamite dedans...
Les mines de Potosi sont situées dans une seule montagne, le cierro Rico, véritable gruyère. Il fournit ,depuis la conquête espagnole, principalement de l'argent (la richesse de l'empire espagnol venait de cette montagne!), du zinc et du plomb. Les conditions de travail y sont très dures, et ces mines ont depuis leur existence déjà tué 9 millions de travailleurs.
Notre visite a commencé par le marché des mineurs où on a pu acheter des boissons à distribuer aux mineurs, des sachets de feuilles de coca et des cahiers pour leurs enfants. On a ensuite visité une usine de séparation des métaux, et là bonjour les conditions de travail. On n'a déjà plus du tout envie de rigoler.
Et ensuite, après avoir mit un équipement dit de "sécurité", on entre dans la mine. On va y passer 2 heures pour 2 km (de part et d'autre de la montagne). On a l'impression d'être dans un autre temps, Germinal peut-être. On marchera à la seule lueur de nos frontales, courbé, on fera attention a laisser passer les chariots et brouettes pesant des tonnes et poussés à la main par les travailleurs, on grimpera des échelles qui tiennent à peine, il fait chaud, on a du mal à respirer malgré nos masques (normal, l'air est chargé de poussières de tout, même d'arsenic) ... Et on n'y passe que 2 heures quand d'autres y passent leur vie!
Mais le plus impressionnant, le plus émouvant seront les travailleurs qu'on croisera, toujours souriant, toujours prêts à nous parler 2 minutes pour nous raconter leur histoire ou leur journée. Leur travail est juste inhumain, ils commencent dès 13 ans et mourront quasiment tous de silicose à 50 ans (au mieux!). On regrette de ne pas avoir acheté plus de boissons et coca, histoire d'alléger au moins une de leurs dures journées de labeur. Et tout cela dans l'espoir de tomber un jour sur la veine d'argent qui rapportera gros ... peut-être ...
La visite est éprouvante mais on ne regrette pas de l'avoir faite, d'autant que notre guide avait quitté la mine seulement 3 mois auparavant. Ca ouvre les yeux sur nos vies, nos conditions de travail, sur la chance qu'on a d'avoir des RTT, congés payés, conditions de travail réglementées et autre. Dire qu'on parle de pénbilité de travail en France ...
Et après l'extraction du minerai, il fallait le traiter ... On part donc visiter l'ancienne maison de la monnaie, superbe bâtisse dans laquelle l'argent des mines était transformé en pièces pour tout l'empire espagnol et ce jusqu'en 1950! On y a donc vu différent types de machines, de plus en plus performantes avec le temps, au départ entrainées par des chevaux et au final par des courroies de cuir (de baleine d'ailleurs). Visite super intéressante qui était bien complémentaire avec celle des mines.
On a trouvé la ville de Potosi bien plus jolie et vivante que celle de Sucre au final. On a été très touché par la visite des mines, et on aurait bien aimé rester un peu plus. Mais le temps n'est pas extensible, si c'était à refaire, on grignoterai le temps de Sucre pour Potosi ...
Bref, on file sur Tupiza pour visiter le désert du Sud Lipez et le salar d'Uyuni, un tour très attendu par Guillemette!!
On peut (et c'est même beaucoup plus courant) visiter le désert et le salar depuis Uyuni. Nous, on a décidé de le faire depuis Tupiza pour différentes raisons: d'abord c'est beaucoup moins touristique et visiter un désert en étant 30 voitures à la suite, ça enlève la sensation de solitude ... nous, on était seulement deux voitures, magique! Ensuite, on fait une journée de plus, soit le tour se fait en 4 jours au lieu de 3 parce qu'on visite une partie du Sud-Lipez superbe qui ne se fait pas depuis Uyuni, et dernier point, les agences depuis Tupiza sont quasi toutes sérieuses, ce qui n'est le cas que de seulement une dizaines d'agences sur Uyuni (qui en compte quasiment 60 à 80!!!) ... Bref, on est parti de Tupiza (avec Tupiza Tours, pour la minute publicité) et on en est ravi!
Lors du tour, on va croiser de nombreux volcans, dont un à 6008 mètres d'altitude ... inutile de vous dire que Lionel voit renaître son rêve de 6000! Hors, comme on est que deux il nous faut deux à trois autres personnes pour ne pas payer un tour privé. On décide donc d'attendre une journée sur Tupiza nos potentiels futurs compagnons de randonnée.
Mais attendre sans rien faire dans un paysage qui parait si prometteur serait dommage! On part donc faire une rando à cheval dans les canyons les plus proches. On n'avait pas encore fait de cheval du voyage! On s'en est mit plein la vue, on a vu tout ce que l'érosion peut faire de beau : des roches étroites sorties de nulle part, des cheminées de fées, de grands canyons creusés dans des montagnes rouges, le tout avec le soleil et des chevaux vraiment dociles. Une très chouette matinée!
On rentre à Tupiza, on check les agences, pas de compagnons pour le volcan (à la grande déception de Lionel, au soulagement de Guillemette) ... on fera le tour normal. C'est parti dès le lendemain pour un road trip de 4 jours dans des paysages époustouflants!!
Rendez vous 8 heures, on fait connaissance avec notre chauffeur, notre cuisinière, le couple d'Allemands de 18 et 19 ans (!) avec qui on va partager le 4X4 durant 4 jours, l'autre 4X4 de l'agence avec qui on va se suivre et feu! On commence par un peu le même style de paysage de canyons qu'on a vu à cheval, on traverse des collines à 4800 mètres d'altitude, on croise nos premières autruches (de petite taille), des troupeaux de lamas, et on n'est seulement deux voitures! On est seuls, c'est superbe, on adore déjà!
On passe notre première nuit dans un village absolument perdu au milieu de la zone désertique du Sud-Lipez, 4200 mètres d'altitude. On est en été il ne fait donc pas hyper froid (ça descend à -30° en hiver) mais il ne fait pas non plus très chaud ... l'eau est très froide au robinet, on peut encore attendre pour la douche!
On repart pour notre deuxième jour. Un peu après la sortie du village on croise un troupeau de lamas presque prêt à être emmené hors de son enclos passer la journée à brouter et gambader. Génial, ils sont hyper nombreux, on peut les approcher et faire plein de photos. On ne s'en privera pas ... attention portraits de famille!!
On continue notre route et on croise notre première lagune, la laguna verde. Avec un volcan en décor de fond, une eau turquoise, c'est sublime. Le vent commence à souffler, et le froid arrive avec, on fait un saut photo guère plus. On enchaîne ensuite les paysages, toujours aussi beaux, on longe le fameux volcan que Lionel voulait grimper, on passe dans des étendues de bicarbonate de sodium qui donnent l'impression de grands champs blancs et on croise nos premiers flamants roses!
C'est ce jour là qu'on atteint le point culminant de notre road trip: 5000 mètres d'altitude. Et là, on y découvre des geysers et fumerolles. De la boue bouillonnante (90°) et des lachés de fumée sulfurée, un chouette spectacle pour fêter les 5000!
On terminera la journée par une lagune, certainement la plus jolie qu'on verra, la lagune Colorada. L'eau est rouge et surtout des centaines, que dis-je, des milliers de flamants roses, blancs et rouges sont là. On les a tout près de nous, le spectacle est juste magique! Et comme si ça ne suffisait pas, bah un troupeau de lamas va même venir faire une brève apparition.
On passera la nuit à peine plus haut que la précédente, à 4300 mètres, ce coup ci dans un village exprès conçu pour les touristes, environ 5 hostals perdus au milieu du désert. Et là, y'a pas de douche, bah du coup pas de douche aujourd'hui non plus!
Le troisième jour, on commence par retourner voir la si sublime laguna colorada d'hier soir, mais d'un autre point de vue. Avec la brume crée par le soleil qui commence à chauffer, le ciel bleu, toujours les flamants, l'eau rouge qui parait bleue à la lueur du matin ... de ce côté aussi c'est superbe.
On continue notre route, et on fait ensuite un stop pour voir l'arbre de pierre. C'est de la roche volcanique et du sable sculptés par le vent. Y'a plusieurs roches sur le site mais celle ci a vraiment une forme particulière. C'est aussi la première fois qu'on crois beaucoup de 4X4 sur un stop, et on se dit que partir d'Uyuni et être ainsi à la queueleuleu sur 4 jours ne nous aurait vraiment pas plu. D'ailleurs, notre chauffeur nous presse pour qu'on reparte les premiers et qu'on soit ainsi seuls sur les prochains arrêts. Une photo et ça repart!
On part sur 4 lagunes qui se suivent. Les deux premières sont à nouveau habitées par une colonie de flamants roses, encore ce décor volcanique autour, une eau très bleue ... mais malgré tout on ne s'en lasse pas!!
La troisième nous offre la surprise d'un troupeau de vigognes (cousin du lama et alpaga) venues boire! Génial, surtout en sachant que cet animal est uniquement sauvage et donc plus difficile à voir!
Et la quatrième, encore différente nous offre le reflet miroir des montagnes dans l'eau... Et en plus on y pique nique, on en profite donc bien comme il se doit!
On continue notre route, on se rapproche de plus en plus du salar. Le fameux salar d'Uyuni, le clou du road trip!! C'est une ancienne lagune qui était reliée à la mer il y a des millions d'années. Les plaques se sont soulevées, la lagune s'est asséchée et le sel est resté sur environ 12 000 km2 et 120 mètres d'épaisseur dans le sol (en 11 alternances de couches sel/terre). En ce moment c'est la saison des pluies, le salar est très contrôlé et était fermé ces derniers jours car il y avait trop d'eau dessus, rendant l'accès difficile voire impossible et, sans aucun repère, les voitures peuvent se perdent dessus. On a eu un temps superbe depuis 3 jours et l'eau s'est évaporée, on va pouvoir entrer dedans demain! Et mieux encore, on va même dormir dans un hôtel fait entièrement en sel à l'entrée du salar! Des briques de sel, du mortier de sel, des meubles en sel, c'est presque tout blanc, et après avoir goûter les murs, Guillemette confirme qu'il n'y a pas d'arnaque! Et en plus, y'a même la douche chaude!!
Une courte nuit nous attend, on se lève à 4h30 pour assister au lever du soleil sur le salar. On roule dans le salar 1 heure durant, avec la nuit on n'a aucun repère. Chauffeur, on compte sur toi! Vers 5h45 on arrive à l'île de corail d'Incahuasi, une petite colline recouverte de cactus candélabres perdue sur cette étendue blanche de sel. On y grimpe et on est pile poil à l'heure pour le lever du soleil. C'est juste magique!! Et avec la lumière qui apparait on prend conscience de tout le blanc qui nous entoure, on dirait une mer de sel! Après s'en être mit plein la vue un bon moment, le petit déjeuner nous attend à la voiture. On décide de se perdre un peu sur l'île pour redescendre et en chemin, surprise, on croise des "lapincureuils" (viscacha de son vrai nom), sorte de lièvre à longue queue!
On passe la matinée dans le salar. Sans eau, on voit les traces de voitures sur le sel, mais avec une fine pellicule d'eau, on comprend que les voitures se perdent!! C'est blanc, c'est beau, on adore! Le sel forme des hexagones sur le sol à l'endroit où l'oxygène s'échappe, on dirait des mosaïques sur le sol, le spectacle est tel qu'on l'imaginait.
Et puis bien sûr avec une étendue comme ça, ben on fait forcément un stop photos-trompes l'oeil!! Une belle séance de rigolade dans un paysage de folie!
Voilà, on quitte le salar en visitant les zones de travail (ben oui, à quoi servirait tout ce sel si on ne pouvait pas l'exploiter!). Des hommes qui font des monticules qui seront traités pour être vendu comme sel de table.
On arrive sur Uyuni, ville vraiment pas jolie, où vont descendre quelques uns de nos compagnons de tour. On visite, avant de se séparer, un cimetière de trains qui servaient au transport des minerais entre Potosi et le Chili il y a quelques 100 ans, un peu glauque. Heureusement qu'il y avait une balançoire et des "altères" pour nous divertir!!
On dit au revoir aux compagnons de road trip et on rentre sur Tupiza en 4X4 (4h30 de trajet), encore de beaux paysages nous accompagneront jusqu'aux derniers instants.
On aura parcouru en 4 jours quelques 1500 km. Le salar était le plus attendu, la "star" du road trip, mais on a été trés agréablement surpris par la beauté de toute la zone désertique du Sud-Lipez, que finalement on aura préféré au salar.
On est maintenant très proche de la frontière avec l'Argentine, notre prochain et dernier pays d'Amérique latine ... on se retrouve donc là bas!
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